Dans la série des hommes d'exception :  Henry de Montherlant.

Henry de Montherlant, de son nom complet Henry Marie Joseph Expedite Millon de Montherlant est un romancier, essayiste, dramaturge et académicien français, né le 20 avril 1895, à Paris et mort au même endroit le 21 septembre 1972.
Une force de pensée qui n’a cessé de stigmatiser la perte de vitalité du peuple français, le laisser-aller moral, la lâcheté petite-bourgeoise - en un mot, la "morale de midinette"...:

"... Peur de déplaire, peur de se faire des ennemis, peur de ne pas penser comme tout le monde, peur de peindre la réalité, peur de dire la vérité. Mais, en fait, ce sont tous les Français qui, depuis le collège et dès le collège, ont été élevés sous le drapeau vert de la peur. Résultat : le mot d’ordre national "Pas d’histoires ! " ; la maladie nationale : l’inhibition. Depuis près d’un siècle, depuis vingt ans plus encore, on injecte à notre peuple une morale où ce qui est résistant est appelé "tendu", où ce qui est fier est appelé "hautain", où l’indignation est appelée "mauvais caractère", où le juste dégoût est appelé "agressivité", où la clairvoyance est appelée "méchanceté", où l’expression de "ce qui est" est appelé "inconvenance", où tout homme qui se tient à des principes et dit non, est décrété "impossible", où tout homme qui sort du conformisme est "marqué" (comme on dit dans le langage du sport) ; où la morale se réduit presque uniquement à être "bon", que dis-je, à être "gentil", à être aimable, à être facile ; où la critique se réduit à chercher si on est moral, et moral de cette morale-là. Avec cela le christianisme ou ses séquelles, l’humanitarisme, le pacifisme, l’irréalisme, la place donnée aux "affaires de cœur", un énervement systématique et sans cesse plus accentué de la justice, et vous aurez la morale, je veux dire la glaire horrible déglutie par l’école, par le journal, par la radio, par le ciné, par la tribune et par la chaire et dans laquelle baigne et marine notre malheureux peuple depuis nombre de générations. Étonnez vous, après cela, qu’il flanche, pour le petit et pour le grand !..."

Henry de Montherlant, "L’Équinoxe de septembre", novembre 1938, in "Henry de Montherlant, Les Essais", La Pléiade, 1963, p. 843.

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