Gavroche...

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Tu te rappelles, Gavroche, de ce temps où le tiers état existait, ce temps d’avant la république, ce temps où la monarchie était absolue ?!
Quand était-ce ? Il n’y a pas si longtemps…
France ! Ton peuple s’est soulevé et battu pour la liberté, pour l’égalité, des gens sont morts à les vouloir, des gens dont la bravoure était sans borne, des gens qui croyaient en un monde meilleur… Ils se sont battus, ils ont gagné… Tu es devenue une République, où enfin le mot DROIT prenait tout son sens, où les riches devenaient moins riches et les pauvres moins pauvres… Où l’éducation était ouverte à tous, où la santé devenait un droit commun…
Ca existait encore il n’y a encore pas si longtemps, au XXème siècle…
Et puis le vent a soufflé, les pages de l’histoire se sont tournées, des mots ont été détournés… On a commencé à fermer des classes, à supprimer des postes et à demander toujours plus de justificatifs aux enseignants. On a commencé à toucher à l’aide annexe dans les écoles, on a supprimé des réseaux d’aide, sous un prétexte facile : manque de moyens ! Les hôpitaux se sont vidés de leurs spécialistes, les campagnes ont perdu leurs soignants, on a sabré les subventions destinées à prendre en charge des personnes handicapées, on a réduit l’accès aux soins et on a demandé des tas et des tas de justificatifs, encore et toujours ! On ne pouvait plus faire un pas sans être fiché par la milice gouvernementale… On s’est mis à contrôler tout et tout le monde, à surveiller les enfants en bas-âge en pronosticant leur potentiel de délinquance, on a enquêté sur les chômeurs pour être sûr qu’ils ne chômaient pas par plaisir…
On a appauvri les pauvres et enrichi les riches…
Les classes se sont surchargées à nouveau et on a ressorti les bonnets d’âne…
On a enfumé les rebelles et ressorti les matraques… Ignoré les barricades !
On a retrouvé un monarque sur fond de président…
On a encensé l’extrêmisme pour mieux manipuler les foules…
Tu sais Gavroche, quand je pense à toi, hissé en haut de ta barricade, quand je pense à ta vie que tu as sacrifiée pour ça, j’ai honte !

04 avril 2012