Le crabe tambour s'en est allé.

Pierre

Pierre Schoendoerffer a 24 ans lorsqu’il s’engage pour l’Indochine. Aventurier dans l’âme, il a vu dans ce conflit l’occasion de s’évader de métropole et de se former dans un domaine qui l’intrigue et le passionne : le cinéma. Il choisit donc de s’enrôler au sein du Service cinématographique des armées (SCA) et devient opérateur militaire, partageant la vie de terrain du corps expéditionnaire d’Extrême-Orient. « Il tenait sa caméra comme une mitraillette ». Fait prisonnier à Diên Biên Phu, Pierre Schoendoerffer survit au conflit, mais se sait à jamais lié à ses camarades de combat. « Sensible, il a gardé de cette expérience un souvenir extrêmement précis, aussi bien de la guerre elle-même que du comportement des hommes qui la faisaient » : « J’ai été un des leurs. Bien que correspondant de guerre, je n’étais pas un observateur impartial et glacé. J’ai vécu avec eux ; je me suis battu avec eux, maintenant j’ai pris du recul mais je garde une sympathie pour mes anciens compagnons ».
Ecrivain et cinéaste, Pierre Schoendoerffer est donc mort à 83 ans. Auteur de la "317è section", du "Crabe Tambour", de "l'Adieu au roi"... l'homme avait arpenté les terrains des guerres coloniales françaises, Indochine, Algérie, Maroc. Il en avait tiré des romans puis des films. Son regard sur la guerre a marqué ses pairs. Ainsi de Coppola et d'Apocalypse now. Son scénariste John Milius ne cachait pas son admiration pour "l'Adieu au roi" (Prix Interallié) et disait volontiers que le scénario d'Apocalypse now lui devait beaucoup. Milius tournera lui-même l'adaptation de "l'Adieu au roi". 
La guerre d'Algérie: "le Crabe Tambour"; l'Indochine: "la 317è section", "Dien Bien Phu"... Toute son oeuvre est consacrée à ce que la guerre provoque chez les gens, en bien, en folie, en courage, en posture. 
Il écrivait, il réalisait. Pierre Schoendoerffer est mort.
14 mars 2012