Les yeux, le regard !

Les yeux, le regard !

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Ces yeux, où la prunelle monte la garde pour protéger le visage contre l’indiscrétion
malveillante et la curiosité qui s’agriffe…
Ces flots mouvants qui ondulent entre le bord des paupières et l’extrémité des cils,
comme ceux des étangs qui s’expriment par le murmure des vagues et des peupliers alentour.
Les yeux… Ne sont-ils pas pour toi un objet de stupéfaction ?
Les yeux couleur de cendre, avec leurs rêves,
les yeux couleur de ciel, avec leur illuminations,
les yeux couleur de miel, avec leurs friandises,
les yeux couleur du café, avec leur force attirante,
les yeux qui recueillent avec soin la force et la douceur contenues dans tout ce qui les entoure.
Tous les yeux, ceux qui te rappellent la limpidité du ciel, et 
ceux où fait halte et se repose la profondeur des mers, 
ceux qui te montrent en eux les déserts et leurs mirages, 
ceux qui te transportent en rêve dans un royaume éthéré fait tout entier de beauté,
ceux dans lesquels passent des nuages zébrés d’éclairs, chargés de pluie,
ceux dont ton regard ne peut se détacher sans chercher aussitôt où se trouve le grain de beauté sur la joue, les yeux étroits, arrondis, les yeux en forme d’amande allongée,
ceux qui s’enfoncent dans leur orbite à force d’approfondir les mots et de réfléchir leur sens,
ceux dont la vision est vaste et le mouvement retenu,
ceux dont les paupières couvent la flamme d’un mouvement calme, comme déploient leurs ailes les oiseaux blancs des lacs du Nord,
ceux dont les langues de feu vertes tournoient comme autant de vrilles prêtes à s’enfoncer dans les coeurs fascinés, et d’autres, d’autres, d’autres encore.
Les yeux qui s’émeuvent,
les yeux qui méditent,
les yeux qui savourent,
les yeux qui cèdent à la pitié, et ceux où établissent leur camp de guerre haines secrètes et colères, et ceux dont les eaux troublent multiplient les secrets…
Lève-toi, va vers ton miroir, penche-toi sur ces deux lacs pleins de sortilèges.
Les avais-tu seulement étudiés avant ce jour ?…
Si tu veux me connaître, moi, l’inconnu, observe donc mieux tes prunelles.
Ton regard me retrouvera, malgré toi, dans ton regard.