A quoi parfois, les médias peuvent-ils bien penser?

A quoi parfois, les médias peuvent-ils bien penser?

Déjà enfant, ma Mère s'inquiétait quand elle me voyait m'approcher d'un réveil ou tout autre « ustensile » susceptible de se démonter. Et pour cause, si le démontage ne me posait aucun souci, il n'en était pas de même de l'opération inverse. Par la suite, les relations entre les machines et moi ne se sont pas améliorées, bien au contraire et la situation perdure encore, quoique ces derniers temps les choses semblent tout de même progresser un peu.

Vous pouvez être certain que chaque fois que je voulais par exemple, boire à une fontaine à eau, il se passait quelque chose. Il suffisait que je tire un verre en plastique pour que tous les autres verres me dégringolent sur les pieds. Où alors, en tirant un verre, ça faisait un bruit d'enfer. Pourquoi ? Mystère. Et bien entendu, ça n'arrivait qu'à moi. Quand les autres venaient boire à la fontaine, tout se passait normalement. Qu'en conclure, sinon que les fontaines à eau ne m'aimaient pas ? Mais, il en était de même pour la machine à café. Il suffit de mettre 40 centimes dans la fente, d'appuyer sur le bouton (café court sucré) et hop, un gobelet tombe de la machine et le café tombe dans le gobelet. Sauf que moi, si je mettais 40 centimes, je pouvais être certain que mes deux pièces de 20 centimes retombaient illico dans la case « retour monnaie » où que le café tombait mais il n'y avait plus de gobelet où encore il y avait un gobelet mais qui tombait de travers de façon à ce que le café coule à côté... De toute manière, tintin pour le café.

C'est la vie et je prends la « chose » avec philosophie. Ce qui ne m'empêche tout de même pas de bourrer les machines en question de coups de pied et de coups de poing. Ça leur apprend à qui elles ont affaire !

Tout ça pour vous dire que mon sang n'a fait qu'un tour quand j'ai lu dans mon quotidien favori, à la rubrique « question du jour », ce titre insensé : « Comment bien nettoyer mon ordinateur ? » Attention, pas l'extérieur, l'intérieur. Eh bien, je vais vous le dire comme je le pense : cet article est une pure et simple incitation au suicide. J'espère qu'a mon quotidien, ils ont un bon service juridique. Ils vont en avoir besoin.

Nettoyer l'intérieur de l'ordinateur, en voilà une idée ! Les médias ont de ces lubies, parfois. Et pourquoi faudrait-il le nettoyer ? Je vous pose la question... « Parce que les composants sont très sensibles à la poussière ». Moi aussi, je suis sensible à la poussière, je ne me démonte pas pour autant. Car c'est bien de ça qu'il s'agit. Lisez plutôt : «  Pensez à bien vous outiller : tournevis, brosse ou pinceau. Coton-tige, aspirateur avec un embout suceur, compresseur d'air ou bombe d'air comprimé, aérosol ou produit spécial pour l'électronique et éventuellement masque antipoussière et gants en latex. » Je n'invente rien, c'est écrit noir sur blanc. On se croirait à « Urgences », juste avant une opération fatale qui va achever le patient. Un tournevis ! Un aspirateur ! Un compresseur ! Manque juste le marteau-piqueur et le Karcher.

Bon supposons que j'aie tout le matériel et supposons également que je sois assez fou pour jouer les kamikazes. On procède comment ? Vous allez voir, c'est très simple : « Déconnectez tous les périphériques. Repérez les vis qui servent à fixer le boitier de protection et dévissez-les. Afin d'éviter les décharges d'électricité statique, touchez l'encadrement métallique à l'intérieur de l'ordinateur, puis débranchez le cordon d'alimentation. » Vous avez bien compris : mon quotidien prend délibérément, sciemment, le risque de m'électrocuter. Et, pour l'éviter, vous avez vu ce qu'il me propose ? Toucher du métal. Vous ne trouvez pas ça louche ? A se demander à quoi les journalistes pensent, parfois.

Lisons la suite : « Eliminez les plus grosses masses de poussière avec l'aspirateur puis projetez de l'air comprimé. » L'aspirateur dans l'ordinateur ! Je vois d'ici la scène : j'approche l'aspirateur de tout le bazar à l'intérieur et hop tout le bazar aspiré d'un seul coup ! Plus rien dans l'ordinateur. Nettoyé de fond en comble. Plus un seul grain de poussière, plus rien du tout. Après, tu débranches l'aspirateur, tu l'ouvres, tu vides le sac, tu retrouves tous les bitoniaux, les trucs et les machins, et tu passes le reste de ta vie à essayer de remettre tout ça en ordre. Fastoche.

Ils me prennent pour un électricien ou un garagiste, les journalistes de mon quotidien ? Et attention ! « Assurez-vous que les barrettes mémoires, les cartes d'extensions et les nappes de connexion sont bien engagées dans leurs emplacements. » Comment voulez-vous que je reconnaissent, au premier coup d'œil tous ces composants tout aussi méconnus que barbares et surtout les nappes ? Car j'ai des nappes dans mon ordinateur. Manquait plus que ça. Qu'est-ce qu'elles foutent dans mon ordinateur, j'aimerais bien le savoir. Savoir que quand je clique sur ma souris, je déplie une nappe sous le capot de mon ordinateur, ça me rend nerveux, j'aimerais bien savoir qui met le couvert.

Et ensuite ? Ensuite, « Aspergez le chiffon antistatique de produit spécial et nettoyez les parties métalliques puis l'intérieur et l'extérieur du capot de protection que vous revissez. » a condition de retrouver les vis. Parce que c'est bien beau de dévisser, mais pour te rappeler où t'as bien pu mettre ces foutues vis, microscopiques et quasiment invisibles, c'est une autre histoire. A tous les coups, elles sont tombées par terre. Encore heureux si le chat ne les a pas avalées. Allez, courage, c'est presque fini : « Enfin, propulsez l'air comprimé sur le clavier puis retournez-le et secouez-le au-dessus d'une corbeille. » Et là, qu'est-ce qui se passe ? Il se passe que les touches du clavier se détachent et tombent. Sinon, pourquoi faudrait-il le secouer au-dessus d'une corbeille ? Pour que les touches tombent dedans, tiens la bonne poire ! Et après tu les ramasses et tu essaies de les remettre en place. A condition de te souvenir de l'ordre des lettres sur le clavier. L'intérêt de l'opération, je l'avoue, m'échappe complètement.

Ce que je préfère, c'est la conclusion. Une fois que tout est fini, « votre environnement de travail est tout propre ». On voit que l'auteur de l'article ne me connaît pas. Sachez, cher monsieur, qu'à la suite du chantier dans lequel vous m'aurez inconsidérément entraine mon environnement, comme vous dites si bien, sera entièrement dévasté, carbonisé, tchernobylisé.

De toute façon, j'attends avec intérêt votre prochaine « question du jour » : « Comment bien nettoyer votre bureau après avoir nettoyé votre ordinateur ? ».

LC