Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture !!!

26 juin 2009

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture !!!

Alors là, c'est la meilleure de l'année. Je n'ai absolument rien contre Frédéric, loin de là. Pour preuve j'ai toute la collection « Archéo » dans laquelle je n'entends que lui. A vrai dire, je pense que mon inimitié vient d'une accumulation d'événements dont l'apogée a été « la nuit des Molières ». J'adore le théâtre, ce n'est tout de même pas un crime et j'apprécie tout particulièrement le remarquable travail des comédiens. Rien à voir avec les acteurs, pendant une représentation, il est tout simplement inimaginable d'entendre « coupez, on la refait » !!!

Mais ne nous éloignons pas du sujet. Cette 23ème  « Nuit des Molières » a été un four et ce à cause de la lamentable prestation de Frédéric Mitterrand et de son acolyte d'un soir Laurent Baffie (lui par contre !!! Bref, restons dans le sujet)

Je peux donc parler de cette soirée que j'affectionne tant, normalement : je l'ai vue, « la nuit des Molières ». J'ai même fais partie des 1,4 million de téléspectateurs qui l'ont regardée de A à Z, de la première à la dernière seconde. Et c'est dès la première seconde d'ailleurs que j'ai compris que c'était foutu. A cause, précisément, de Laurent Baffie, recruté par la chaîne pour nous faire rigoler...

Je vous raconte le gag désopilant de Laurent Baffie. Debout face au public (des gens de théâtre tout de même), voici ce qu'il dit : pour applaudir, il faudra vous lever et vous tourner vers la caméra 3 qui est derrière vous, c'est elle qui enregistre les applaudissements. Allez, on fait un essai, tous debout ! Et ils se lèvent. Et ils se retournent. Et ils applaudissent. Comme à l'école maternelle, en pouffant.

La honte.

Content de son gag, le comique enchaine : toute personne récompensée par un Molière qui sera trop longue dans ses remerciements sera électrocutée par mon pistolet. Vous allez voir, je vais vous montrer. Un comparse du « comique » monte sur la scène. Fait son discours de remerciements. Baffie sort son pistolet. Boum, le type s'écroule par terre. Le public (des gens de théâtre) se marre. On vient, symboliquement, de l'électrocuter. Et il se marre.

La honte « bis ».

Arrive alors Frédéric Mitterrand, dans le rôle de maître de cérémonie. Il sourit, salue. Et commence à parler. En italien. Au cas où on aurait oublié que lui, le prestigieux Frédéric Mitterrand, a été nommé au poste prestigieux de directeur de la prestigieuse Villa Médicis, à Rome. Ah, excusez-moi, feint-il de s'excuser, où avais-je la tête ! Où, je ne sais pas. Mais enflée, c'est sûr. Comme les chevilles. Là-dessus, il annonce la remise du Molière du comédien. A qui, on le saura tout à l'heure. Et par qui, Frédéric Mitterrand est censé nous le dire. Sauf qu'au lieu de nous le dire, ce qui serait beaucoup trop simple, Frédéric Mitterrand, qui tient à nous rappeler qu'il a passé sa vie à nous raconter celle des autres, raconte par le menu, au fil d'interminables circonlocutions et parenthèses, les débuts et la carrière de chacun des deux comédiens qui remettront le Molière, en nous laissant deviner de qui il s'agit, nous donnant illico l'envie de zapper sur une autre chaîne, n'importe laquelle.

Voici un peu près ce que ça donne, c'est juste un exemple et pour faire encore plus conforme à la réalité, je vous demande de respecter la ponctuation :

Après une adolescence sans histoire à Gif-sur-Yvette, elle a d'abord été élève au Cours Florent avant de réussir le conservatoire national d'art dramatique, où elle a suivi les cours d'Adolphe Bigorneau et de Berthe Saint Jacques, puis elle a joué sous la direction de Victor Cléamolette et rejoint la troupe d'Alphonsine Trousseaoutil, où elle a fait un triomphe dans le rôle de Bernadette dans « Les marmottes n'ont pas l'électricité », ce qui lui a valu d'être nominée une première fois aux Molières dans la catégorie « Révélation de l'année », avant de révéler ses talents de tragédienne dans le dernier film de Norbert Bitonniau, « le blues des blaireaux dyslexiques », je vous demande d'applaudir, mesdames et messieurs, Margueritte Duchmol ! (Et encore, je vous l'ai faite courte). Et hop, il recommence avec Albert Schmoldu, qui remettra le Molière avec Margueritte Duchmol.

Ecoutez, je ne sais pas combien de Molières ont été attribués ce soir là (une grosse vingtaine, me semble-t-il), mais, chaque fois, Frédéric Mitterrand, de sa voix compassée, de son ton sentencieux, nous a refait le même topo, retraçant la carrière de chaque comédien façon quiz ou devinette, genre le premier qui trouve a gagné un presse-purée. Dans combien de salons, combien de chambres à coucher a-t-on entendu ces cris déchirants : arrête, Freddy ! Stop ! Accouche ! Dis-nous qui c'est ! On n'en peut plus !

Mais mon calvaire ne s'est pas arrêté là. N'oublions pas l'autre comparse... On le voudrais, de toute façon, qu'on ne le pourrait pas : il s'arrange pour se rappeler constamment à notre mauvais souvenir, Baffie. Comme quoi c'est un comique. La preuve que c'est un comique, c'est qu'il demande soudain à toute la salle de se lever, de se mettre bras dessus bras dessous et de chanter : Ah, le petit vin blanc. Et ils se lèvent (ministre en tête). Et se mettent bras dessus bras dessous. Et ils chantent, ah, le petit vin blanc.

La honte (ter).

Pourquoi, au nom du Ciel, aucun de ces passionnés de théâtre ne s'est-il  levé pour remettre Baffie à sa place, appeler à la révolte, refuser cette humiliation, cet asservissement du théâtre aux pseudos comiques de la télé ? hein, pourquoi ? Et je vous fais grâce de tous ces intermèdes chantés, guignolades et roucoulades, à cent lieues de l'esprit du théâtre ! Heureusement, il y a eu quelques miracles et de vrais comédiens furent récompensés. C'est dans l'attente de ces miracles que je suis resté jusqu'au bout, buvant le calice jusqu'à la lie, faisant preuve d'un masochisme qui m'a rendu malade de honte, alors que ma moitié dormait déjà du sommeil du juste...

Tout cela pour vous dire tout de même que j'ai un léger doute sur le devenir du ministère de la culture. D'ailleurs, il n'y a pas que sur le ministère de la culture que j'ai un doute mais sur tout le gouvernement. Une question m'obsède tout de même : a quoi peut bien servir à présent, la prestigieuse Ecole Normale d'Administration ? Alors qu'il suffit d'être avocat pour devenir Président de la République, journaliste pour occuper le poste de ministre de la culture ou encore avoir eu des parents sympathisants du FLN et devenir présidente de mouvement pour être nommé secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville. Et bien d'autres encore... mais ce n'est pas le thème de ce papier aujourd'hui, peut-être y reviendrais-je d'ici peu, tant la politique de mon pays vu d'ici me déconcerte et c'est le moins que je puisse dire !!!

CL