Halal, chrétien ou casher, le fast-food reste un fast-food !

Halal, chrétien ou casher, le fast-food reste un fast-food !

La polémique tourne à la mayonnaise avariée. Est-il scandaleux de ne plus avoir le choix entre halal ou non halal lorsque l’on entre dans un Quick pour engouffrer un cheese-burger ? C’est un peu comme si, au moment de subir un interrogatoire de police, on n’avait plus le droit de choisir entre 110 ou 200 volts pour la gégène…

Tout homme un tant soit peu passionné sait que les rites alimentaires religieux sont nés, à une certaine époque de l’histoire et en certains endroits, pour préserver les populations d’un risque de nourriture inadaptée ou nocive. Souvent invoquées sous des arguments confessionnels, l’hygiène et la santé furent la plupart du temps à l’origine de ces codifications nutritionnelles. Pour ce qui est du Proche-Orient, d’où nous viennent le halal et la cashrout, c’est essentiellement la consommation de porc, dont le sang dégradé peut devenir toxique en cas de forte chaleur, qui fut proscrite. C’est donc bien par souci d’empêcher les croyants de s’empoisonner que furent édictés ces principes. Dans l’islam, halal désigne ce qui est permis pour le musulman, contrairement au harâm, qui est interdit. En conséquence, pour que la viande soit halal, il faut que l’animal soit égorgé vivant (non anesthésié ou assommé), la tête tournée vers La Mecque, et qu’un fidèle prononce des paroles sacrées. Seule exception à la règle, le poisson, dont la consommation à l’état de cadavre est autorisée, ainsi que le précise Abû Hurayra, compagnon du prophète : « Les animaux trouvés morts dans la mer sont licites car son eau est lustrale ». Jusque-là, tout est compatible avec la réalité. Ce qui l’est moins, c’est le principe même de la « fast-food ». Animaux issus d’élevages intensifs, nourris avec des aliments artificiels et traités chimiquement. Le bœuf engraissé aux produits de synthèse, le poulet en batterie, les hormones, les antibiotiques, les conservateurs, tout cela, en principe, est harâm. Le halal ne devrait être accordé qu’après vérification rigoureuse de la traçabilité de l’animal sacrifié et de ses conditions de croissance. En un sens, le concept du halal est de protéger le peuple contre les dérives de la société. Au niveau de l’alimentation, lui est interdit tout ce qui se détourne de la nature et qui peut lui faire du mal. Dans cet esprit, un fast-food concentre tous les interdits que stipule la loi islamique, à commencer par réduire l’acte alimentaire à une banale ingurgitation de produits édulcorés dans un délai réduit à son minimum pour réaliser un maximum de profits. Voici quelques mustahab (recommandations) fixés par l’islam pour que le repas soit halal :

- Laver les deux mains avant de prendre un repas.

- Après avoir pris un repas, il faut se laver les mains et les sécher.

- Il convient de prendre des petits morceaux de nourriture.

- Il faut mastiquer les aliments à fond.

- Il faut prolonger la durée de la prise d'un repas.

Sur le plan sanitaire, pas besoin d’être savant pour constater les dégâts quasiment mortels, lorsqu’il y a obésité, que provoque cette forme de nourriture dans les pays occidentaux. Alors ne perdons pas de temps à polémiquer sur tel ou tel label religieux qu’il convient d’accorder ou non à la malbouffe. Si l’islam est cohérent, il doit décréter le fast-food comme harâm et en interdire l’accès à tous les musulmans. Aucun Quick ne peut donc valablement être considéré comme halal au regard du Coran, car les aliments que l’on y vend ne respectent pas la loi de Dieu, c’est-à-dire, pour un croyant, celle de la nature. Ce précepte devrait donner à réfléchir à notre société. Cessons de nous focaliser sur le doigt qui montre le danger pour nous attaquer directement à la cause du danger. Halal, catho ou casher, un fast-food reste un fast-food !

 

LC