La Dame aux Camélias

La Dame aux camélias

Je viens d'assister à « La Traviata » ("dévoyée" en français). Magnifique opéra en trois actes de Guiseppe Verdi d'après le roman et le drame d'Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias. Mais savez-vous exactement qui se cache sous ce nom de "Dame aux camélias".

Une très belle jeune femme au destin exceptionnel et morte à 23 ans.

Marie Duplessis, née Alphonsine Plessis le 15 janvier 1824 à Nonant-le-Pin et morte le 3 février 1847 à Paris.

Nombre de faits connus au sujet d'Alphonsine Plessis ont été mélangés aux légendes contemporaines et au personnage littéraire auquel elle a donné naissance.

L'enfance et la première jeunesse d'Alphonsine Plessis ont été marquées par une extrême pauvreté et beaucoup de malheurs. Elle perd une mère aimante et aimée très jeune puis elle continue de subir les excès d'un père brutal et alcoolique. Elle doit travailler très jeune comme servante d'hôtel à Exmes, puis dans une fabrique de parapluie à Gacé.

Montée à Paris à l'âge de quinze ans, elle travaille d'abord comme blanchisseuse et chapelière jusqu'à ce qu'elle devienne la maîtresse d'un riche commerçant qui la met dans ses meubles. Cette jeune femme extrêmement attirante au sourire enchanteur, dont la beauté inhabituelle, l'élégance et le style feront la célébrité, devient rapidement, à peine âgée de seize ans, la courtisane la plus convoitée et la plus onéreuse de Paris.

Dans le portrait donné d'elle par Alexandre Dumas fils, elle était « grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage, elle avait la tête petite, de longs yeux d'émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde ».

Elle apprend alors à lire et à écrire, apprend le piano, et finira par être considérée comme extrêmement vive et extraordinairement cultivée, capable de converser sur tous les sujets, les hommes riches en vue étant disposés à lui accorder une aide financière régulière en échange de sa compagnie dans leur vie sociale et privée. Édouard Vienot a fait son portrait.

Elle s'est alors mise à tenir un salon fréquenté par les écrivains et les politiciens en vue. Elle se montrait au bois de Boulogne et à l'Opéra. Elle modifie également son nom, ajoutant un « du » qui sonne plus noble à son patronyme et abandonnant le prénom d'« Alphonsine » pour celui de « Marie ».

Durant sa courte vie, Marie Duplessis fut célèbre pour sa réputation de discrétion, d'intelligence et d'amoureuse pleine d'esprit. Nul de ceux l'approchant pour la première fois n'aurait pu penser être face à une courtisane. Elle est, pour ces raisons, restée populaire et dans les bonnes grâces de plusieurs de ses bienfaiteurs même après la fin de leur liaison.

Elle fut la maitresse d'Alexandre Dumas fils de septembre 1844 à août 1845. Ensuite elle est devenue la maîtresse de Franz Liszt, qui a affirmé plus tard lui avoir offert de vivre avec elle.

Devenue la maîtresse du comte Édouard de Perrégaux, elle l'épouse en janvier 1846 à Londres, mais devant l'échec de leur mariage retourne en France où elle s'abîme dans une vie de plus en plus agitée et dissipée en dépit de la phtisie qui la consume.

Moins d'un an plus tard, elle s'éteint dans son logement du 11, boulevard de la Madeleine, complètement ruinée et abandonnée de tous, sauf de deux de ses anciens amants, le comte suédois Gustav von Stackelberg et le comte de Perrégaux, restés à ses côtés. 

Pauvre fille ! on m'a dit qu'à votre heure dernière,

Un seul homme était là pour vous fermer les yeux,

Et que, sur le chemin qui mène au cimetière,

Vos amis d'autrefois étaient réduits à deux !

(Alexandre Dumas fils.) 

Théophile Gautier et Jules Janin, qui étaient au nombre de ses amis proches, ont fait son éloge, mais le plus beau et le plus touchant est sans doute celui de Franz Liszt qui a dit une fois : « Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d'une élégie antique résonne dans mon cœur. »

Moins d'un an plus tard, Alexandre Dumas fils lui rendait hommage avec sa Dame aux camélias, dont il disait : «  N'ayant pas encore l'âge où l'on invente, je me contente de raconter », qui relate sa relation, sous le nom d'« Armand Duval » avec Marie Duplessis dépeinte sous les traits de « Marguerite Gautier ». De ce roman, il fait ensuite une pièce qui sera jouée en 1852.

L'année suivante, Verdi crée d'après la pièce de Dumas fils, le non moins célèbre opéra la Traviata, où il représente Marie sous le nom de « Violetta Valery ».

CL