La réussite dans la vie ne tient vraiment qu'à peu de chose pour nos dirigeants !

La réussite dans la vie ne tient vraiment qu’à peu de chose pour nos dirigeants !

Depuis déjà quelques temps, la remarque de Jacques S. me pourri la vie. Je ne connais pas d'études, de statistiques ou de sondages sur le rapport de cause à effet entre l'acquisition d'une Rolex et une vie réussie, mais le (presque) sexagénaire a reçu un sacré coup au moral en apprenant cette information.

Je regarde mon poignet et désespère : pas la moindre preuve de ma réussite. La sentence est tombée, implacable : j'ai plus de 50 ans, pas de Rolex... j'ai raté ma vie ! Jacques S., après avoir inventé la force tranquille pour François Mitterrand - qui, lui, aimait les beaux objets dans la discrétion -, voici donc sa dernière trouvaille. Ce monsieur est bel et bien le représentant de cette amoralité ambiante qui n'a pour seul culte que celui de l'argent. Joli modèle pour une jeunesse dont une partie a déjà tendance à se rêver chanteur ou star de foot... Alors, que pèsent les discours sur le travail, le respect, l'effort en face de cette assertion : si tu ne possèdes pas, tu es moins que rien ! La phrase de Jacques S. est passée en boucle sur les télévisions et les radios, sorte de dérivatif jeté au peuple et aux journalistes pour qu'ils rongent l'os qu'on leur tend. C'est bon pour cacher le reste, le mépris du Président et de sa Ministre de l'économie pour les citoyens en colère !

Alors pourquoi ? Sommes-nous trop pingres, ignorants ou éloignés des rites et obligations des beautiful people ? Sommes-nous peut-être trop snobs, car, si « tout le monde » possède ce signe de reconnaissance de l'élite, cela devient alors ringard, le must consistant donc à porter une montre banale ?

Quoi qu'il en soit, ce genre de remarque prouve, à ceux qui pouvaient encore en douter, que l'univers dans lequel évoluent ces gens-là n'est pas celui du commun des mortels ! Dans ce monde-là, on peut réussir sa vie en ayant servi la soupe aux socialistes, dans les années 80 et le caviar au monarque, vingt-cinq ans plus tard et si, en plus, on sert d'entremetteur en livrant en cadeau une épouse, là on touche aux rives du nirvana !

La breloque brillante peut remplacer l'intelligence et la finesse d'esprit pour côtoyer les puissants, car dans son analyse, maître Jacques laisse entendre que lui possède une Rolex et donc qu'il a réussi, lui,  sa vie ! Alléluia !

Je suis donc membre de la fraternité des humbles qui ont raté leur vie mais je rappellerai ici la prose de Pierre Desproges : « de deux choses l'une : ou bien Jacques S. est un con, et ça m'étonnerait quand même un peu, ou bien Jacques S. n'est pas un con, et ça m'étonnerait quand même beaucoup ! »

Cela dit, il se peut aussi que Jacques S. ne soit qu'un imbécile...

LC