Les innovations tuent !

Les innovations tuent !

 Franchement, on a bonne mine, avec tous nos bidules et nos machins qui nous mettent sous perfusion continue, façon cordon ombilical que si tu le coupes tu n’existes plus. La technologie moderne, électronique, numérique et , surtout, furieusement nomade est en train de nous rendre fous, c’est aussi simple que ça. On passe notre temps à pianoter, à se connecter, à se déconnecter, à se brancher, à se débrancher. Et le reste du temps à pester, jurer, supplier, parce que ça marche mal, parce qu’on n’y comprend rien et que si ça continue on va porter plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (comme tout le monde, après tout) pour « harcèlement moral ». Pourtant, même au bord de la crise de nerfs, même devenus complètement fous, nous en voulons toujours plus, nous exigeons les toutes dernières versions des nouvelles applications des ultimes modèles des derniers joujoux qu’il faut absolument avoir sous peine de mort subite. On sait que ça nous rend cinglés. Mais on ne peut plus s’en passer. Exactement comme quand on ne peut s’empêcher de s’empiffrer de saloperies bien sucrées, bien grasses, qui nous rendent malades.

Et, justement, voilà que je viens de découvrir deux nouvelles merveilles de la technologie moderne qui ont un rapport direct avec ça : la nourriture, le poids, le régime. Je vois déjà l’intérêt pointé chez certains de mes amis et plus particulièrement mes amies… Premièrement : le « mandomètre ». Qu’est-ce que le mandomètre ? Le mandomètre est une petite balance ronde reliée à un ordinateur, qu’on glisse sous son assiette (le mandomètre pas l’ordinateur). Il indique le poids de la nourriture que vous avez sous les yeux, mesure le temps que vous mettez à l’ingérer, fait le rapport et le compare à une courbe idéale. En gros pour les néophytes des termes technico-pseudo-informatico-spécialisés, ça vous empêche de grossir. Manger avec une balance qui balance à votre ordinateur pour calculer ce qui est bon pour vous, n’est-ce pas un extraordinaire progrès ?

Deuxièmement : la « balance Withings ». Qu’est-ce encore que cette balance Withings ? La balance Withings est une balance comme son nom l’indique qui se connecte à votre iPhone pour mesurer vos progrès. Hop, hop, ne vous égarez pas, nous restons toujours dans la nourriture… On se pèse et l’info complète, - poids, mais aussi masses maigres et grasses, sans oublier l’indice de masse corporelles - est directement transmise à votre iPhone via une application dédiée. Facile alors d’analyser sa courbe d’évolution lors de ses déplacements quotidiens. Imaginez ! Tu vois un type dans la rue devant un restaurant qui allume son iPhone, tu crois naïvement qu’il est en train de téléphoner ou de regarder la météo, eh bien, pas du tout : il est en train de consulter la courbe d’évolution de son indice de masse corporelle pour savoir s’il peut manger des frites au resto. Ça vous en bouche un coin, hein ? Et attendez, le soir, chez lui, il met son mandomètre sous son assiette. Et son ordinateur lui donne le résultat des courses. Elle est pas belle, la vie ? Moi, ce que je pense, c’est que tout ça va mal finir. Exactement comme avec la télé, autre merveille (quoique ancienne) de la technologie moderne.

Qu’est-ce qui se passe, avec la télé ? Cette fois, je vous le donne en mille. « Selon une étude portant sur 8800 hommes et femmes âgés de 25 ans et plus, les gens qui regardent la télévision plus de quatre heures par jour ont 80% de risques supplémentaires de mourir d’une maladie cardiovasculaire et 46% de risques supplémentaires de mourir d’autres causes pathologiques en comparaison de ceux qui regardent la télévision moins de deux heures par jours ». La conclusion s’impose d’elle-même : la télé tue. Lentement, peut-être, mais sûrement. Et beaucoup de télé tue beaucoup. Pourquoi ? Parce que plus on la regarde, vautré dans son canapé en bouffant des chips et des cacahuètes, moins on bouge et plus on grossit, plus on attrape des saloperies. Et ce, même en regardant des émissions sportives. Pour dire, ce dimanche, malgré un temps maussade et incertain, j’avais décidé de faire du sport, ça tombait bien. Le matin, marathon de Paris et l’après-midi, Paris Roubaix en cyclisme et stade Toulousain contre stade Français en rugby. Eh bien, vous n’allez pas me croire mais je n’ai pas perdu un gramme de la journée, bien au contraire, mais ça cela vient sans doute du barbecue à midi. Explication certes rationnelle. Mais assurément incomplète. Car la télé ne fait pas que rendre gros et gras. Elle tue aussi le cerveau. Elle anesthésie. Elle chloroforme. Elle rend accro. Elle légumise le cerveau. La preuve, après le barbecue, pendant Paris Roubaix, je ne me souviens absolument pas de ce qui s’est passé entre les 40 et 120ème kilomètres, la preuve que la télé chloroforme ! Exactement comme le mandomètre, la balance Withings et toutes les merveilleuses merveilles de la technologie moderne que si tu les as pas t’es foutu. Enfin, je dis ça, je suis comme tout le monde, avec mon ordinateur et mon téléphone portable. Mais j’essaie de faire gaffe. Pour pas m’encombrer le cerveau, m’anesthésier les neurones. De toute façon, quand je suis avec mon ordinateur ou mon téléphone portable, je passe mon temps à m’engueuler avec eux. Ils ne font jamais ce que je veux. Mais ce qu’ils veulent, eux. Ils m’énervent. Ils me rendent cinglé. Ça aussi, ça raccourcit la vie. C’est sûr et certain. Un de ces quatre, on va lire, une étude portant sur 8800 hommes et femmes de 25 ans et plus passant plus de quatre heures par jour avec leur ordinateur ou leur téléphone portable… Alors qu’on pourrait faire tellement d’autres choses ! Manger, par exemple (je rigole).

 

LC