Mes chères amies, êtes-vous plutôt « crêtes de coq » ou « peaux de requin » ?

 

Je n’ai jamais été très fort en chimie. Cela dit, je sais pourquoi : au collège ou au lycée, mes professeurs de chimie ont bizarrement oublié les chapitres «explosions de coffres», «gaz anesthésiants», ou «chalumeaux oxyacétyléniques», autant de sujets qui m’auraient passionné à une époque où je me destinais encore à une carrière de James Bond ou d'Arsène Lupin.

Ayant donc un peu trop rêvassé pendant ces cours de chimie, je vous avoue que le nouveau produit miracle des magazines féminins, des reportages « beauté » et des publicités de cosmétique restait incompréhensible à mes yeux : «lacidialuronic».

Si je n’avais pas employé un certain nombre de cours de chimie à dessiner, peut-être aurais-je compris plus vite qu’il s’agissait là d’un composant chimique appelé «l’acide hyaluronique».

Evidemment, la nouvelle star des traitements anti-rides avait un nom un peu plus compliqué que ces prédécesseurs, le botox ou le collagène. Un véritable nom scientifique propre à inspirer confiance…

L’acide hyaluronique (du grec hyalos, vitreux) est donc un «polymère de la matrice extracellulaire» (ça en jette, n’est-ce pas ? Je crois bien que ça veut dire «un truc de la peau»). Ne m'en demandez pas plus…

A en croire les reportages sur lesquels je suis tombé, cet élixir s’injecte donc dans l’épiderme du visage ou s’administre en crème, et comble miraculeusement les rides des femmes de tous âges. J’en devine déjà en train de rêver… Attendez donc d’avoir fini la lecture de ce petit article.

A ne pas douter, le seul nom de ce produit est miraculeux… : une telle débauche de chimie ne saurait qu’être efficace, n’est-ce pas ? Vous noterez que le choix de cet acide uronique tombe bien : qu’aurait-on pensé d’injections ou de crèmes à base d’autre «acides uroniques» ? Si ma carrière de chimiste n’avait pas lamentablement avorté en troisième, j’aurais suggéré l’acide glucuronique (à base de glucose, pour les gourmandes), mais aussi une version masculine du produit, l’acide galacturonique (pour ceux qui rêvent de conquête spatiale).

Ceux qui ne dormaient pas en cours de chimie savent peut-être que pendant très longtemps, l’acide hyaluronique a porté un autre nom, le «GlycosAminoGlycane» (GAG). Cela dit, personne ne niera que des petites doses de gag n’auraient peut-être pas eu le même effet «heureux» sur l’enthousiasme des patientes…

Mais au fait, comment fabrique-t-on ce fameux «acide hyaluronique» pour pouvoir lisser la peau de femmes du monde entier ?

Ô rassurez-vous, de la façon la plus naturelle qui soit ! L’acide hyaluronique provient essentiellement du broyage industriel de crêtes de coq, desquels on extrait le précieux acide vitreux.

Certes, il existe d’autres façons d’obtenir ce produit de manière tout aussi naturelle : quelques laboratoires préfèrent aujourd’hui broyer des yeux de bœufs ou de la peau de requin. Crêtes de coq, yeux de bœufs ou peaux de requins, quoi de mieux pour revendiquer le label «anti-âge naturel» ! Evidemment, on commence à utiliser aujourd’hui de nouvelles méthodes de production, telles que la «fermentation bactérienne de levures génétiquement modifiées», mais les précédentes ne risquent pas de disparaître tout de suite…

En béotien de la cosmétique, je m’étonne que l’on n’évoque pas les crêtes de coq dans ces splendides publicités vantant l’acide hyaluronique… Bizarre, non ? Pensez-vous qu'une « crème aux véritables extraits de crêtes de coq» aurait moins de succès qu'un «élixir anti-âge exclusive premium à l'acide hyaluronique» ? Voyons...

Quoi qu’il en soit, chères amies, si vous lisez dans le mode d’emploi de votre crème anti-âge à l’acide hyaluronique que ce produit est contre-indiqué pour les femmes «allergiques aux œufs ou aux protéines de poulet», vous n’aurez pas besoin de vous poser plus longtemps la question de l’origine de votre élixir de jouvence !Alors qui de mes amies utilisent quoi ?

 

 

LC