Pourquoi le Président « le hongrois » a horreur des étrangers ?
- Par LESTEL Christian
- Le 02/11/2010
- Dans BLOG
Pourquoi le Président « le hongrois » a horreur des étrangers ?
Nicolas Sarkozy, président de la république d'origine hongroise, souhaite déchoir de la nationalité française certains criminels. Son ministre de l'intérieur, d'origine française aimerait qu'on aille plus loin. Les aboiements répondent aux aboiements... Le problème est qu'en droit, s'il est possible de déchoir de la nationalité française un naturalisé ou un devenu français par le mariage, il ne peut en être question pour un français né français, sauf s'il possède une double nationalité.
Dans ce cas, perdre la nationalité française, c'est devenir apatride...
La France a signé la Convention de New-York sous l'égide des Nations-Unies en 1961 qui stipule que le droit à la nationalité est un droit de l'homme.
Donc, les gesticulations de la droite tombent à l'eau puisque les mesures prises ne pourraient concerner que les naturalisés et les devenus français par mariage ou adoption.
Quand il parle de "français d'origine étrangère", à qui Sarkozy fait-il donc allusion?
Une anecdote aurait pu nous mettre la puce à l'oreille. Cela se passe aux Etats-Unis du temps de Georges Bush. Sarkozy est venu en visite officielle avec certains de ses ministres les plus emblématiques de la diversité: Christine Lagarde, Rachida Dati et Rama Yade. La SarkoFrance Black, blanc, beur.
Puis, il se lance dans un discours sur les bienfaits des apports étrangers et vante la réussite exemplaire de certains naturalisés aux Etats-Unis.
Il cite alors:
-Madeleine Albright (tchèque naturalisée américaine et devenue ministre des affaires étrangères sous Bill Clinton),
-Colin Powell (jamaïcain naturalisé américain et devenu général puis ministre de la défense de Georges Bush), et Condoleeza Rice, la ministre des affaires étrangères de Georges Bush.
Sauf que Condoleeza Rice n'a jamais été naturalisée. C'est une américaine issue d'une vieille famille de descendants d'esclaves arrivés aux USA au 18ème siècle! Les journalistes américains se sont bien amusés de cette gaffe !
Résumons
Si tu es un basané au milieu des blancs, c'est que tu es un naturalisé. Si tu as réussi ta vie, c'est que tu as tout fait pour te faire accepter. Tu t'es couché donc les blancs t'aiment bien.
Ou plus subtilement:
Un basané ne peut pas avoir la même représentation, la même idée de la France, qu'un blanc sauf s'il renonce à tout ce qui a fait son identité d'origine. Sinon c'est un délinquant potentiel... Oui surtout, s'il est pauvre et basané...
Telle est la logique interne de nos gouvernants.
Légiférer plus pour punir plus
A l'UMP, l'ambitieux Eric Ciotti, d'origine italienne, se verrait bien ministre de la terreur à la place du ministre de l'intérieur. Il veut tout simplement déchoir de la nationa sanctionner les parents d'enfants délinquants qui continuent à faire des bêtises malgré une condamnation.
Vous le voyez, l'UMP et le Président ont décidé de faire de la propagande sur les immigrés et les français d'origine étrangère vivant dans les banlieues pauvres.
On dit qu'un quart au moins des français aurait une origine étrangère par au moins un de leurs grands-parents, soit 15 à 20 millions de personnes! Une situation finalement banale pour un pays de stature internationale avec un tel passé colonial et un tel prestige historique et culturel .
Pourtant, jamais sous la Vème république, je crois, on a autant parlé d'origine familiale et démographique dans le discours politique.
Le mystère des origines
Ce qui est étrange, c'est qu'à l'UMP et au gouvernement, on trouve un très grand nombre de français d'origine étrangère de la première génération, c'est à dire issu d'au moins un parent étranger:
Patrick Devedjan, d'origine arménienne
Christian Estrosi, d'origine italienne
Rama Yade, sénégalaise naturalisée française
Rachida Dati, d'origine marocaine
Fadela Amara, d'origine algérienne
Bernard Kouchner, d'origine lettone
Roger Karoutchi, marocaine
Pierre Lellouche, d'origine tunisienne
Eric Besson, d'origine marocaine
Nora Berra, d'origine algérienne
Hubert Falco, d'origine italienne
Thierry Mariani, d'origine italienne
Jeannette Bougrad, d'origine algérienne
et bien sûr, Nicolas Sarkozy, d'origine hongroise
A noter, car c'est révélateur, que Valérie Pécresse, Brice Hortefeux, Georges Tron, Nicolas Sarkozy et Frédéric Lefèbvre sont nés à Neuilly sur Seine.
Roselyne Bachelot est d'origine dentaise. Non seulement, elle a les dents longues mais ses deux parents étaient dentistes…
On a donc, un gouvernement qui représente assez bien la diversité de la population française actuelle et c'est plutôt rassurant. Simplement, il existe chez certains d'entre eux une tendance à vouloir définir la bonne citoyenneté française. Le débat sur l'identité nationale avait été lancé dans ce but.
Certains se sont imaginés que la question de l'identité nationale serait au centre des désirs de débat des français. Sans doute cela est vrai pour les personnes très âgées qui ont connu la seconde guerre mondiale, les guerres de décolonisation et le changement démographique de la France lié à l'immigration et la mondialisation.
Comme si, la frustration à dissimuler ses origines pour se fondre dans le moule avait laissé des traces qui remontent ensuite sous la forme d'idées très réactionnaires.
"J'ai souffert en tant "qu'étranger" alors à votre tour", "J'ai dû me taire et me coucher tellement de fois pour me faire accepter que je ne supporte pas ceux qui veulent faire autrement!" pourraient-ils dire, au point de remettre en cause comme l'a fait Eric Zemour, les prénoms d'origine étrangère donnés aux nouveau-nés.
Et en plus, ils font des petits !
Sauf, qu'à terme, il sera bien difficile de s'y retrouver dans les origines. Dans les villes de France, les unions mixtes se multiplient et les enfants qui en sont issus pourront se prévaloir d'être français avec des origines sur trois ou quatre continents, parlant au moins deux langues familiales, confrontés parfois à deux religions.
Une des composantes de la France de demain. Or, on n'a jamais vu un être vivant s'amputer d'un membre volontairement sauf s'il s'estime en danger de mort!
La panique gagne-t-elle une partie de la France politique ?