Viannette-Anne, Véronique et tous mes amis : Ah, de la neige !
- Par LESTEL Christian
- Le 14/12/2010
- Dans BLOG
Viannette-Anne, Véronique et tous mes amis : Ah, de la neige !
A l’heure où je vous parle, il neige. Il neigeait aussi la veille. Et le jour d’avant. Et aussi la semaine dernière. Et peut-être même la semaine d’avant, mais je ne suis pas certain de m’en souvenir. La neige, c’est comme tout : il y a du pour et du contre. Je m’étonne, entre parenthèse, qu’aucun institut de sondage n’ait jamais posé aux Français cette simple question : « Etes-vous pour où contre notre Prési… » Qu’est-ce que j’écris ? Non, soyons sérieux, reprenons : « Etes-vous pour où contre la neige ? ». Personnellement, je sais ce que j’aurais répondu. J’aurais répondu : « ça dépend ». Mais il n’y a jamais de case « ça dépend » dans les questionnaires des sondages. Ou c’est « oui ». Ou c’est « Non ». Ou c’est « ne se prononce pas ». Or, on peut très bien se prononcer sans être forcément ni pour ni contre. Juste en disant : « ça dépend ». En fait, les sondages ont horreur de ça. Parce que, si on commence à prévoir une case « ça dépend », il faut prévoir une sous-case pour répondre à la sous-question : « ça dépend de quoi ? ». Et alors là, on ne s’en sort plus. Ça devient beaucoup trop subtil, trop nuancé, trop compliqué. On ne peut plus dire : 51 % des Français sont pour, 49 % sont contre. Pourtant, je reste persuadé que, si on pouvait répondre « ça dépend », 70 % des Français (au moins) cocheraient la case. Parce que c’est la vérité : ça dépend.
Bon, bien sûr, les enfants adorent, rapport aux boules de neige et aux bonhommes de neige. Et à la luge, aux glissades, tout ça. J’étais ainsi également à condition toutefois que je sois dans l’équipe la plus forte. Pour les « ados », il en est de même. Ainsi j’ai une jeune amie, Viannette-Anne qui se « délecte » des tempêtes de neige. Le bus de ramassage scolaire ne circulant pas, elle bénéficie de jours de repos supplémentaires et le comble de l’histoire, c’est en Bretagne. De l’autre côté de la France, j’ai une autre amie, juste un peu plus âgée qui peste contre ces mêmes tempêtes mais pour avoir des problèmes de santé avec ses enfants, par contre, Véronique n’hésite pas à engager de furieuses batailles de boules de neige avec ses voisins. Les vieux (pardon : les séniors. Euh, pardon : les aînés) adorent en général nettement moins, rapport aux glissades incontrôlées et au col du fémur (vous savez ce que c’est). Sinon, ça dépend si vous êtes bloqués sur l’autoroute, à 3 heures du matin, avec des voitures à perte de vue devant et derrière et la neige qui emprisonne tout ça, façon ciment prise rapide (et ne parlons pas de la bascule, au ralenti, comme dans un film, dans le fossé). Où bien si vous êtes peinard, tranquille, à la montagne, en plein soleil, avec des champs de neige à perte de vue et la fumée qui sort des cheminée de chalets artistiquement disposés çà et là façon calendrier des postes. Ou encore debout sur des skis (si on aime les skis). Juste avant de se casser la figure (et la cheville). Là, voyez, à l’heure qu’il est, je ne suis ni bloqué sur l’autoroute ni scotché devant la beauté des montagnes enneigées. Je suis chez moi, bien au chaud à imaginer le calvaire de certains. Ou ils vont avoir du mal à arriver au travail (à pied) tellement ça glisse et ça patine. Et d’ou je me demande comment ils vont faire pour repartir, vu toute la neige que je vois tomber sans interruption par la fenêtre (certains vont regretter de ne pas avoir pensé à prendre les raquettes).
Ça me rappelle mon ancien métier. J’ai passé plusieurs séjour hivernaux, au temps de ma folle jeunesse, dans un camp en Allemagne réputé pour la rigueur de son climat. Une fois, fin octobre, début novembre, j’ai vu tomber la neige. La première neige. J’ai trouvé ça très beau. Tout ce blanc d’un seul coup et ce grand silence ouaté. L’immensité des forêts toute blanches à perte de vue. C’était grisant. Puis la neige a monté à 1m50. Elle a bloqué absolument tout, pistes, champs de tir. Au bout de quelques jours, j’ai trouvé la neige nettement moins romantique. D’abord, moins 30°C, c’est froid, très froid (croyez-moi sur parole) surtout lorsque l’essentiel de votre travail s’effectue dehors. Et puis, franchement, on en a vite assez. On rêve de vert. On rêve de voir de l’herbe, au lieu de tout ce blanc désespérant. Quelques mois plus tard, miracle : la neige a commencé à fondre, laissant apparaître les premiers brins d’herbe. Le pur bonheur, me direz-vous ! et bien non. Oui, la neige a fini par fondre et comme tout à chacun le sait, quand la neige fond elle se transforme en eau. Et qui dit eau dit boue, et le paysage devient à nouveau nettement moins enchanteur ! Tout ça pour dire que ça dépend.
Et encore, je n’ai jamais été bloqué huit jours dans ma maison, sans chauffage ni lumière, la faute à la neige qui fait tomber les fils électriques. J’imagine qu’au début c’est rigolo (un peu d’aventure, que diable !) Et qu’au bout de deux jours c’est déjà moins rigolo. Personnellement, le principal reproche que je fais à la neige, c’est que c’est froid. Surtout quand on s’en met plein les chaussettes, à l’intérieur des bottes. Sinon, je suis bien d’accord : c’est beau. Surtout, ça fait penser à l’enfance. Forcément. Aux hivers et aux Noël de l’enfance. Dans les souvenirs, il y a toujours de la neige à Noël (surtout si comme moi, vous êtes un enfant de la campagne. A la ville, la neige devient très rapidement sale). Plus tard, quand on est grand, on se plaint s’il n’y a pas de neige à Noël, comme il y en avait du temps de l’enfance. Il n’y en avait peut-être pas toujours, remarquez. Mais ça n’a pas d’importance : on s’imagine qu’il y en avait. Et donc il y en avait. Notez bien que, si d’aventure il y a plein de neige à Noël et que ça dure depuis des jours et des jours et qu’on en a plus que marre, on se plaint tout autant. Tel est l’homme (et aussi la femme, surtout la femme) : jamais content.
Là, par exemple, je vais sortir de chez moi, en m’accrochant au mur pour ne pas m’étaler dans la neige glaciale, pour aller récupérer ma compagne. Je vais pester, je vais râler, je vais insulter le ciel qui déverse des tonnes de neige sur la région. Puis, quand je vais être rentré à la maison (si je m’en sors bien), je vais regarder par la fenêtre, la forêt et le grand champs, toute cette campagne habillée de blanc. Je vais trouver ça magique.
Et je vais remercier la neige.