Voilà, c’est l’été…

Autant voir les choses en face : c’est l’été. C’est à dire que, depuis le 21 juin, on perd chaque jour une ou deux minutes de soleil. Je ne dis pas ça pour casser le moral de mes amis (es) en vacances. Mais parce que c’est la vérité. Et que nous sommes tous suffisamment adultes (quoique..) pour supporter la vérité (n’est-ce pas ?). Bon, maintenant que je l’ai dit, on oublie. Parce que l’été, c’est l’été. Et puis c’est tout. Jusqu’au 15 août, en gros, ça nous est complètement égal, de perdre une ou deux minutes par-ci, par-là. Les journées sont longues, de toute façon. Il fait beau (sauf quand il pleut, ce qui arrive parfois en Bretagne…). On mange dehors. On reçoit des amis. On flâne, on discute, on écoute le silence. Et les oiseaux, qui habillent le silence. L’été, je le rappelle aux étourdis, n’arrive qu’une fois par an. Après, c’est trop tard. Et c’est trop bête de se réveiller un beau jour en se disant : « zut, c’était l’été, je l’ai complètement loupé, si j’avais su… »

Donc pas question de rater l’été. Là, à l’heure même où je vous parle, on est au tout début. Ah, toutes ces journées devant nous… C’est vrai que ça se gâte un peu après le 15 août. Alors que l’ été, officiellement, dure jusqu’au 21 septembre, après le 15 août on a un petit coup de mou. On se dit, tiens, c’est bizarre, mais les jours raccourcissent drôlement. Dans les stations de vacances, les magasins commencent à fermer. Les marchés, si animés au plein cœur de l’été, se vident petit à petit. Il y a souvent des orages (et pas seulement en Bretagne…).

C’est du moins l’image que j’ai dans la tête : après le 15 août, il y a des orages. Le temps se fait incertain. Et le soir, on ne peut plus traîner dehors à manger et à refaire le monde avec les amis : il se met vraiment à faire nuit, de plus en plus tôt. Saperlipopette, je m’aperçois que je suis reparti pour vous casser le moral. Mais non ! Pas du tout ! Vive l’été ! On n’est que début juillet, on a un mois et demi devant nous avant le 15 août. Et puis zut, même après le 15 août, on est toujours en août. Tant pis pour les orages (de toute façon, je ne vais pas en Bretagne…). Tant pis pour la nuit qui tombe. Tant pis pour la rentrée qui arrive à grands pas (d’un autre côté, je suis en retraite, alors..). On prend ce qu’il y a. Et puis c’est tout. Parce que la rentrée, celle de cette année, vous vous doutez bien de ce que ça va être : pleins gaz vers la présidentielle, plus une seconde de libre pour penser au temps qui passe, pour méditer sur les minutes perdues. Et celles qu’on va bien finir par retrouver un jour. Je ne dis pas que tout s’arrête pendant l’été. Je pourrais d’ors et déjà vous donner mille exemples de chambardements, voire de révolutions qui on eu lieu en plein été.

Seulement, il y a ce truc un peu fou qui s’appelle les vacances. Et qui se passe en été. Quand j’étais plus jeune, on appelait ça les grandes vacances. Par opposition aux petites, celles de Pâques ou de la Toussaint.

Ah, les grandes vacances ! Rien que d’y penser, j’étais tourneboulé. J’imaginais le tout premier jour sans école, ni devoirs, ni leçons. Et tous les jours, ensuite, la longue suite des longs jours, jusqu’à la maudite rentrée. Tous ces longs jours d’été, comme une promesse de rêves, de découvertes, d’aventures. Aujourd’hui, j’ai gardé ça au fond de moi. L’été, on a du temps. On sort la table de jardin. On sort les chaises longues. On sort les vélos. Et le bonheur, c’est qu’on les sort pour des semaines. De belles et longues semaines. Un jour viendra où il faudra tout rentrer. Mais on n’y pense pas. On ne veut pas y penser. Parce qu’il n’y a rien de plus précieux que ce moment-là, le jour où on se met en été. Où on met sa vie en été. En même temps, si je veux être franc, plus jeune, je ne détestais pas totalement la rentrée. Il y avait de l’excitation dans l’air. Retrouver les copains sur les bancs de l’école. Les jeux dans la cour de récré. Et puis apprendre, continuer à apprendre. Oui, là aussi, il y avait de l’excitation à cette seule idée : grandir en apprenant. On est impatient de grandir, quand on est petit. C’est après qu’on regrette de continuer à grandir, quand ça s’appelle vieillir… Et donc, là aussi, pour être franc, la perspective de la rentrée, dans le fracas de la campagne présidentielle, ça me met en appétit, gourmand comme je suis. Rentrer en se disant qu’on a devant soi tous ces mois de bagarre, de castagne, mmm…

N’empêche qu’avant tout ce barnum je me réjouis de ces longues semaines de calme et de soleil, de ces soirées à refaire le monde ou à regarder la lune et les étoiles. Sans oublier, bien entendu, les étoiles filantes qui sont, comme les vers luisants, les cadeaux de l’été.

Une seule étoile filante, un seul vers luisant : c’est une nuit bénie. On peut faire tous les vœux qu’on veut.

En attendant, voici le mien : que l’été vous soit doux à toutes et tous.

 

LC